Des études épidémiologiques récentes ont montré qu’environ 20 % de la population générale présentent une élévation chronique de l’activité de la créatine phosphokinase (CPK).En présence des valeurs très élevées de CPK (> 5 fois la normale), le diagnostic de myopathie est très probable, tandis qu’une élévation modérée chronique des CPK (< 3 fois la normale) peut poser un certain nombre de problèmes d’interprétation.En particulier, la définition de valeur normale des CPK n’est pas facile, puisque cette valeur peut varier en fonction de l’ethnie, du genre, du niveau d’activité physique mais aussi en fonction des méthodes de réalisation de l’analyse.Fréquemment associées à des CPK élevées, les myalgies représentent une des raisons habituelles de recours aux neurologues. De manière intéressante, dans une étude faite dans notre service, les myalgies non associées à une élévation de CPK sont rarement dues à une myopathie sous-jacente. Plus fréquemment, des atteintes du système nerveux central ou périphérique, des causes rhumatologiques, endocrinologiques, toxiques ou iatrogène sont retrouvées ou alors un terrain psychiatrique faisait évoquer une cause non organique.Chez les patients présentant des myalgies isolées ou associées à une élévation modérée des CPK, la biopsie musculaire devrait être proposée seulement si utile au diagnostic et non pas par défaut. À ce sujet, des recommandations européennes ont été établies, d’après une revue de la littérature[1,2]selon lesquelles la biopsie musculaire est plus fréquemment d’utilité diagnostique si les myalgies apparaissent à l’effort, si l’élévation des CPK est évidente à repos et en présence d’une ou de plusieurs de ces associations : (I) myoglobinurie ; (II) second souffle ; (III) histoire familiale d’élévation des CPK, (IV) faiblesse musculaire ; (V) hypertrophie/atrophie musculaire ; (VI) CPK > 3 fois la normale ; (VII) EMG myopathique.