IntroductionL’évolution de la maladie d’Alzheimer (M.A.) semble affecter de manière différentielle les connaissances relatives aux domaines conceptuels vivant (e.g., animaux, fruits) et non vivant (e.g., vêtements, outils).ObjectifsCe travail évalue l’influence du facteur distinctivité sur le traitement de ces domaines ainsi que son interaction avec le stade d’évolution de la maladie au regard de l’hypothèse de Tyler et Moss (2001).MéthodesVingt-quatre patients (12 au stade débutant et 12 au stade modéré) ainsi que 12 personnes âgées saines ont participé à cette étude. Une tâche de vérification de propriétés perceptives leur a été proposée. Au total 84 énoncés ont été utilisés. Ils évaluaient les caractéristiques distinctives (e.g., la tortue a une carapace/le marteau a une tête) et partagées (e.g., le chat a une queue/le manche est en bois) des concepts appartenant aux deux domaines. Les participants devaient juger si les énoncés étaient vrais ou faux.RésultatsLes résultats montraient un effet classique de la pathologie. Les patients atteints de M.A. avaient des performances globalement inférieures à celles des participants âgés. Au stade débutant les traits distinctifs généraient davantage de difficultés que les traits partagés, et ce quelque soit le domaine conceptuel. En revanche, au stade modéré, les patients montraient une difficulté plus importante dans le traitement des traits distinctifs du domaine vivant par rapport à ceux du domaine non vivant.DiscussionLa distinctivité s’avère un facteur sensible permettant de mettre en évidence les troubles sémantiques précoces dans la M.A. En ce qui concerne l’impact du domaine conceptuel, nous montrons une altération précoce et progressive du domaine vivant au cours de la pathologie, dégradation pouvant refléter une implication sélective des zones temporales en accord avec Garrardet al.(2005) et contrairement à ce qui est avancé par Tyler et Moss (2001).ConclusionLa distinctivité des traits s’avère un facteur potentiel pour appréhender la dégradation des connaissances conceptuelles dès le début de la M.A. et par conséquent un principe probable d’organisation de la mémoire sémantique.