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Jouer avec la mort : prise de risque dans le sport et deuils impossibles

Auteurs : Camps F1, Smaniotto B1, Peiffer C2
Affiliations : 1Centre de Recherche en Psychopathologie et Psychologie Clinique, Université Lumière Lyon 2, Institut de Psychologie, Campus Porte de Bron Porte des Alpes, Bat. K, 5, avenue Pierre-Mendes-France, 69676 Bron cedex, France2Université de Paris (Paris Descartes), Laboratoire Psychopathologie, Psychologie Clinique, Psychopathologie, Psychanalyse (PCPP), entre Henri-Piéron, 71, avenue Édouard-Vaillant, 92774 Boulogne-Billancourt cedex, France
Date 2021 Novembre, Vol 86, Num 4, pp 755-765Revue : L'Évolution psychiatriqueDOI : 10.1016/j.evopsy.2021.03.015
Article original
Résumé

ObjectifAlors que dans les sociétés occidentales la mort est de plus en plus masquée, les comportements de « trompe-la-mort permanents » sont au contraire de plus en plus présents. L’étude des prises de risque dans le sport permet d’observer ce jeu avec/autour/contre la mort. À travers le cas de Kevin, adepte de prises de risque spectaculaires dans ses pratiques sportives, les auteurs montreront comment l’appétence traumatophilique et le jeu avec la mort seraient des tentatives de traiter des deuils multiples, mais aussi de restaurer illusoirement un narcissisme fragile et fragilisé par des pertes et deuils restés « en suspens ».MéthodeLes auteurs ont privilégié une étude de cas, ayant valeur d’exemplarité, associant deux entretiens de recherche de type entretien libre ainsi que la passation des tests du Rorschach et du TAT avec un retest à un mois d’écart. Ces tests ont été analysés selon les principes de l’École française.RésultatsOutre la recherche identificatoire de masculinité et de virilité, les prises de risque létales dans la pratique sportive peuvent également s’entendre, dans le cas présenté ici, comme une lutte contre les effets de deuils multiples et de la dépression associée. C’est la lutte antidépressive qui est au premier plan du fonctionnement psychique et qui s’intrique au masochisme s’exprimant dans une « appétence traumatophile » et constituant le dernier rempart contre un risque d’un effondrement autrement plus désorganisateur.DiscussionLes auteurs proposent la notion de « travail du sépulcre » – en référence à l’expression de R. Gori et M.-J. Del Volgo mais aussi à la formule de M. de M’Uzan sur le travail du trépas – pour désigner le processus de création d’un lieu psychique, topique, d’ unesépulture psychiqueen somme, bien différenciée. Il signerait donc la séparation avec l’objet perdu et l’amorce d’un processus d’introjection de l’objet mort et non pas son incorporation mélancolique. Le sépulcre témoignerait de l’inscription de la réalité psychique de la mort et donc de la perte. Ce moment ouvrirait alors au travail de deuil proprement dit.ConclusionsLa prise de risque dans les pratiques sportives dont rend compte le cas étudié ici illustre des situations cliniques singulières dans lesquelles le travail du deuil n’a pu s’amorcer et la dépression advenir. Ces configurations psychopathologiques ne constituent d’ailleurs pas une clinique homogène, mais illustrent, à leur façon, des stratégies psychiques pour éviter la confrontation à la souffrance de perdre.

Mot-clés auteurs
Deuil; Traumatisme psychique; Sport; Mort; Comportement à risque;

Des descripteurs MeSH seront prochainement assignés à cet article.

 Source : Elsevier-Masson
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Camps F, Smaniotto B, Peiffer C. Jouer avec la mort : prise de risque dans le sport et deuils impossibles. L'Évolution psychiatrique. 2021 Nov;86(4):755-765.
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Dernière date de mise à jour : 14/06/2021.


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