À partir de plusieurs observations cliniques en CHS, CMP et cabinet privé, nous avons dégagé une notion nouvelle sur la conjoncture la plus fréquente du déclenchement dans les psychoses maniaco-dépressives. Pour nommer les facteurs à l'œuvre dans une telle conjoncture, nous avons d'abord utilisé le terme dedeuil blanc, ou faux deuil. Ensuite, nous nous sommes rendu compte que ce terme pouvait prêter à confusion avec le concept de deuil pathologique aussi bien qu'avec la notion d'André Green du même nom. Ainsi, nous l'avons finalement remplacé par celui, plus opérationnel, defacteur blanc.Les facteurs blancs sont des facteurs négatifs, tragiques ou catastrophiques, tels qu'une perte érotique, un décès, une rupture brutale des conditions habituelles de vie, qui ne comportent pas une valeur de perte d'objet pour le sujet et qui, de surcroît, réactualisent la valeur vide due à la forclusion de la fonction paternelle. Les facteurs blancs ont provisoirement cette appellation (en attendant une autre d'ordre plus structurale) car ils constituent autant d'espaces blancs, ou de trous, dans le déroulement de la chaîne signifiante, qui mobilisent dangereusement le rejet de l'inconscient qui fait retour avec force dans chaque facteur blanc et se connecte, par son intermédiaire, avec ce qui de la pulsion devient mortel.Les facteurs blancs constituent la conjoncture la plus fertile pour le déclenchement, lequel se manifeste, d'après nos observations, en tant que délire à thématique mortelle. Celui-ci, que nous appelonsdélire de mort, semble placer le sujet dans la perspective de l'acte suicidaire.