En raison de son incidence importante et des coûts engendrés tant sur le plan économique que social/éthique, l'ostéoporose (affection chronique résultant d'une réduction du contenu minéral de l'os et d'une altération liée à l'âge de l'architecture trabéculaire qui engendrent une fragilisation du squelette) constitue un problème majeur de santé publique.Comme pour les autres expressions de la sénescence, s'il existe indiscutablement un déterminisme génétique du capital osseux, il est admis que les facteurs environnementaux exercent aussi un impact non négligeable. Ainsi, la prise de conscience du rôle protecteur exercé par l'alimentation a vu l'émergence du concept de nutrition préventive selon lequel, compte tenu de son implication dans l'acquisition du capital osseux et sa conservation ultérieure, il est évident que des recommandations nutritionnelles adaptées permettraient d'ouvrir la voie d'une véritable prévention, palliant alors l'inadéquation de la prophylaxie basée sur l'hormonothérapie substitutive et optimiserait toute thérapeutique médicamenteuse. Ce concept explique que les études écologiques aient ainsi pu mettre en évidence une disparité géographique de l'incidence des fractures pouvant être corrélée avec la typologie alimentaire.En fait, l'os exprime les mêmes besoins nutritionnels que les autres tissus, non seulement au point de vue énergétique, mais également en terme de macro- et micronutriments. Les bases de la prévention nutritionnelle de l'ostéoporose reposent donc sur des règles simples d'équilibre et de diversification alimentaire, qui intègrent, non seulement les produits laitiers, mais également les autres classes d'aliments. En effet, si la contribution majeure du calcium n'est plus à démontrée (le squelette est effectivement caractérisé par sa dureté qui résulte de la calcification de la trame organique extracellulaire), une alimentation riche en calcium n'est pas systématiquement un gage de consolidation osseuse car ce minéral est un nutriment de type « seuil ou plateau ». La prévention nutritionnelle de l'ostéoporose associant classiquement calcithérapie et supplémentation en vitamine D doit donc évoluer vers de nouveaux concepts qui, outre le respect de l'adéquation aux besoins liés à chaque stade physiologique, intègrent le potentiel exercé par certains nutriments et microconstituants.De façon pragmatique, il faut être particulièrement vigilent à l'adéquation des apports avec les besoins en éléments constitutifs du squelette (protéines, calcium associé à la vitamine D), mais aussi fournir les micronutriments protecteurs, en raison de leurs propriétés antioxydantes/anti-inflammatoires (vitamines C, E, B, caroténoïdes, polyphénols, acides gras (veiller au ratio omégas 3/omégas 6) ou autres (vitamine K, oligoéléments, etc.). C'est pourquoi l'éducation nutritionnelle se doit de considérer tous les aliments, même si le niveau de preuve atteint dans certains domaines reste encore insuffisant. En outre, il est fondamental d'appliquer ces principes tout au long de la vie, puisque l'ostéoporose peut être considérée comme une pathologie infantile dont la prophylaxie serait basée aussi bien sur une optimisation de la masse osseuse maximale acquise avant l'âge de 30 ans, que sur un ralentissement de la perte au cours du vieillissement (les deux phases critiques pour la qualité du squelette).