L’obésité n’est pas comparable en France et aux États-Unis, de par son ampleur, son évolution, sa répartition par âge et par sexe. Entre 1970 et 2000, l’obésité a progressé très rapidement aux États-Unis, alors qu’on observe une stabilité en France jusqu’au milieu des années 1990, puis une détérioration à partir de cette date. Pour autant, depuis 30 ans, les relations entre l’obésité – et plus largement la corpulence – et hiérarchie sociale sont marquées de part et d’autre de l’Atlantique, notamment chez les femmes: les membres des catégories populaires, les moins riches, les moins diplômés sont les plus touchés. Á corpulence égale, tout en n′étant pas coupés des normes dominantes de la minceur, les individus les plus touchés par l’obésité sont beaucoup moins attentifs à la prise de poids; ils appartiennent aux groupes où la corpulence moyenne est la plus élevée et où l’attention au contrôle du poids est la moins forte. Une politique préventive de santé publique ne devrait-elle pas dès lors porter sur l’ensemble de ces catégories modestes?