L’acide docosahexaénoique (DHA, 22:6n-3) et l’acide arachidonique (AA, 20:4n-6) sont les principaux acides gras polyinsaturés des membranes cérébrales et rétiniennes. Les animaux spécifiquement carencés en acides gras n-3 présentent des altérations de la fonction visuelle et des capacités cognitives. Les études menées chez des enfants allaités au biberon ont montré que la supplémentation des laits de remplacement avec l’AA et le DHA permet de rehausser la teneur en ces acides gras dans le plasma et les hématies, et d’atteindre ainsi le même statut sanguin que celui produit par l’allaitement au sein. L’impact probable de cette supplémentation sur les membranes nerveuses de l’enfant est susceptible de se traduire par une amélioration transitoire mais significative du développement mental et de la maturation de la fonction visuelle. Chez l’adulte, des maladies neuropsychiatriques ou neurodégénératives ont été associées à la diminution du statut sanguin en DHA et/ou en AA, qui pourrait refléter une réduction de leurs teneurs dans les membranes nerveuses. Les effets des acides gras polyinsaturés sur les fonctions nerveuses mettent en jeu des mécanismes impliqués dans la modulation des propriétés dynamiques des membranes, la régulation du processus de libération des neurotransmetteurs, la synthèse de médiateurs oxygénés bioactifs et la transcription de gènes via l’activation de récepteurs nucléaires sensibles aux lipides.