La fluence verbale est une des tâches les plus fréquemment utilisées en clinique et en recherche lors de l’évaluation cognitive des personnes schizophrènes. Elle consiste à demander à la personne de nommer le plus de mots possible dans un temps donné, en fonction de critères spécifiques (sémantique, orthographique ou formel) fournis par l’évaluateur. Dans cet article, nous présentons les résultats d’une revue de la littérature portant sur la nature et l’origine fonctionnelle des déficits de fluence verbale dans la schizophrénie. L’analyse des 19 articles recensés montre que, comparativement aux sujets normaux, la performance des personnes schizophrènes est significativement plus faible en fluence verbale et que cette différence est surtout marquée dans la tâche de fluence sémantique. Les résultats suggèrent aussi que, dans cette tâche, les personnes schizophrènes utilisent les mêmes stratégies cognitives que les sujets normaux, mais de manière moins efficace. L’origine fonctionnelle sous-jacente de ces difficultés reste encore controversée, mais l’impact de la réduction de la vitesse de traitement de l’information et des troubles de la mémoire de travail sur la performance déficitaire en fluence verbale semble assez consistant. D’autres études sont encore nécessaires pour déterminer plus précisément l’origine fonctionnelle des troubles de fluence verbale dans la schizophrénie, et notamment le rôle de mémoire sémantique, non étudié de manière spécifique dans les études recensées.