Se connecter
Rechercher

« Réparation », « information » et « reconnaissance » des troubles psychiques de guerre. Analyse lexicale du discours de quinze blessés psychiques de guerre

Auteurs : Auxéméry Y, Ribeton M1, Houbre B1, Tarquinio C1, Fidelle G1
Affiliations : 1Service médical de psychologie clinique appliquée à l’aéronautique, hôpital d’instruction des armées Percy, 101, avenue Henri-Barbusse, 92141 Clamart cedex, France
Date 2016 Mars 23Revue : Annales médico-psychologiquesType de publication : article de périodique; DOI : 10.1016/j.amp.2016.03.015
Mémoire
Résumé

BackgroundLe Service de Santé des Armées (SSA) continue de développer des plans d’action concernant les troubles psychiques post-traumatiques de guerre et, parallèlement, plusieurs administrations ont déployé des moyens visant à l’amélioration du soutien des militaires psychotraumatisés. Si les troubles psychiques de guerre ont fait l’objet de nombreux travaux épidémiologiques, cliniques et thérapeutiques, nous n’avons pas retrouvé d’études référencées évaluant la perception des actions médicales et sociales du point de vue des blessés.ObjectifsL’objectif de cette recherche est d’explorer le discours des militaires français souffrant d’état de stress post-traumatique (ESPT) imputable au service, concernant la « reconnaissance » et la « réparation » de leur trouble par la société.Matériel et méthodesNous avons mené une étude exploratoire qualitative à partir de quinze entretiens semi-directifs afin de réaliser une analyse lexicale du discours grâce au logiciel ALCESTE©. L’enquêteur suivait une trame d’entretien conçue spécifiquement pour aborder les thématiques de la « réparation » et de la « reconnaissance ». Ces entretiens semi-directifs s’appuyaient sur des questions ouvertes avec incitation à la relance de l’expression.RésultatsLes blessés consultés nous ont fait part de la pérennité de leur engagement et de leur fidélité à leurs valeurs militaires (cohésion, devoirs, reconnaissance du chef), malgré la présence de leur blessure psychique et de ses conséquences. Toutefois, tant l’événement que le syndrome post-traumatique ne peuvent pas, pour des raisons psychopathologiques, s’intégrer ni spontanément ni totalement dans le discours social. Les blessés ont verbalisé une appréhension d’être exclus de leur collectivité, ou de n’être pas soutenus malgré leur blessure militaire, ce qui renvoie encore à la psychopathologie « normale » du trauma. Sur le fond et sur la forme, le discours des blessés évoque la clinique du trauma marquée par l’indicibilité, la répétition et les affects dépressifs. Dans le discours des sujets psychotraumatisés, la « réparation » semble être avant tout une restauration psychique, ou du moins un apaisement, qui prend la voie de l’accès aux soins. Différemment, la perception d’indemnités pécuniaires est reléguée au second plan, après une reconstruction psychologique et sociale. Si le signifiant – certes juridique mais aux accents réifiants – de « réparation » a été globalement récusé par les patients au profit de celui de « reconstruction », les blessés psychiques de guerre acceptent volontiers l’aide qui leur est offerte dans le champ des soins médico-psychologiques et de la réinsertion professionnelle.DiscussionSi nous avons dégagé des généralités dans ce travail de recherche, les entretiens et les analyses textuelles de leur contenu ont mis en lumière que le cheminement de chaque situation clinique particulière est subtil. Les soins médico-psychologiques, comme les autres aides, doivent être adaptés ou créés sur mesure. Toute situation reste ainsi singulière, chaque patient pouvant se saisir, en fonction de son parcours et de ses aspirations, des aides possibles.

Mot-clés auteurs
Psychiatrie de guerre; Réparation; Syndrome post-traumatique; Terminologie; Traumatisme psychique;

Des descripteurs MeSH seront prochainement assignés à cet article.

 Source : Elsevier-Masson
Accès à l'article
 Accès à distance aux ressources électroniques :
Exporter
Citer cet article
Auxéméry Y, Ribeton M, Houbre B, Tarquinio C, Fidelle G. « Réparation », « information » et « reconnaissance » des troubles psychiques de guerre. Analyse lexicale du discours de quinze blessés psychiques de guerre. Ann Med Psychol (Paris). 2016 Mar 23.
Courriel(Nous ne répondons pas aux questions de santé personnelles).
Dernière date de mise à jour : 25/03/2017.


[Haut de page]

© CHU de Rouen. Toute utilisation partielle ou totale de ce document doit mentionner la source.