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Fanatisme et délire : les frontières psychiques

Auteurs : Litinetskaia M, Guelfi J1
Affiliations : 1Clinique des maladies mentales et de l’encéphale, 100, rue de la Santé, 75674 Paris cedex 14, France
Date 2015 Septembre, Vol 173, Num 7, pp 618-622Revue : Annales médico-psychologiquesDOI : 10.1016/j.amp.2015.07.001
Communication
Résumé

Les racines philosophiques, sociologiques et psychiques du fanatisme sont indissociables de ses mécanismes psychopathologiques collectifs et individuels. L’existence d’une « idée fixe » caractérise la personnalité fanatique et la personnalité paranoïaque, mais les fanatiques ne se mettent pas en avant comme les paranoïaques ; ils subordonnent de façon désintéressée toutes leurs activités à des idées d’ordre général. Les paranoïaques sont au sommet dans les organisations de type sectaire. Mégalomaniaques, intransigeants, rigides et rancuniers, ils luttent au nom du bien contre l’ennemi extérieur. La sémiologie fanatique coïncide, sur plus d’un point, avec celle de la passion amoureuse exclusive et idolâtrée. L’intensité de l’investissement affectif du sentiment amoureux avec son caractère exclusif évoque l’idée fixe, inaccessible à la moindre critique et à toute remise en cause. L’idée délirante naît à l’intérieur de la sphère psychique du sujet ; elle est le fruit d’une interprétation qui en est le mécanisme le plus fréquent. L’idée qui guide un fanatique vient de l’extérieur ; il n’y pas d’interprétation ; l’idée a été élaborée par le leader et elle est adoptée à l’emporte-pièce par les fanatiques. Les idées délirantes sont individuelles contrairement aux idées fanatiques qui sont partagées entre plusieurs membres du même groupe. L’étude de cas de A.-B. Breivic, auteur de l’attentat du 22 juillet 2011 et de la tuerie qui a fait 74 victimes, montre la difficulté de séparer terrorisme et folie, fanatisme et paranoïa. Le fanatisme oblige les psychiatres experts à évaluer un individu, sans assimiler celui-ci à son acte, aussi « fou » que celui-ci puisse paraître, acte parfois commis en l’absence d’éléments objectivables d’une « folie » suspectée. Mais l’association d’un trouble de la personnalité complexe, comprenant des éléments fanatiques et paranoïaques avec des manifestations psychotiques, est susceptible de majorer considérablement le risque de passage à l’acte dangereux.

Mot-clés auteurs
Breivic Anders Behring; Bérillon Edgar; Délire; Expertise psychiatrique; Fanatisme; Idéalisme; Personnalité; Psychopathologie;
 Source : Elsevier-Masson
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Litinetskaia M, Guelfi J. Fanatisme et délire : les frontières psychiques. Ann Med Psychol (Paris). 2015 Sep;173(7):618-622.
Courriel(Nous ne répondons pas aux questions de santé personnelles).
Dernière date de mise à jour : 25/03/2017.


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