Au Brésil, la quasi-totalité des cas de paludisme (> 99 %) est concentrée dans la région amazonienne, la zone endémique du pays, et les personnes atteintes de paludisme dans des régions non endémiques sont rares. La transmission a été essentiellement éliminée dans le Sud et le Sud-Est du Brésil (où se trouve l’État de Rio de Janeiro), mais des flambées de paludisme autochtone ont été signalées dans l’écosystème de la forêt atlantique, en particulier dans ses vallées montagneuses. L’accumulation d’eau dans les broméliacées, plantes abondantes dans le biome de la forêt atlantique, correspond au site de reproduction par excellence du principal moustique vecteurAnopheles (Kerteszia) cruzii. Ce vecteur est capable d’effectuer des repas sanguins aussi bien près de la canopée des arbres qu’au niveau du sol, ce qui permet la transmission entre les primates non-humains et les humains. En raison de cette particularité, les cas autochtones de la région sont connus sous le nom de paludisme de la forêt atlantique ou paludisme des broméliacées. Dans l’État de Rio de Janeiro, lePlasmodium simium, une espèce auparavant considérée comme spécifique aux singes, a été confirmé comme l’agent causal du paludisme zoonotique détecté dans cette région de forêt à partir de l’analyse des cas de 2015 et 2016. Le moustique vecteur s’infecte chez les primates non-humains, qui agissent comme des réservoirs du parasite, et le transmet aux humains, qui présentent un paludisme avec une faible parasitémie et sans gravité. L’identification de la transmission du paludisme àP. simiumfait de la forêt atlantique brésilienne un deuxième foyer mondial de paludisme zoonotique.