L’article traite, dans une approche à la croisée de l’anthropologie et des sciences de l’information et de la communication, de la manière dont un parc d’attraction mondialisé, KidZania, articule le jouer et le travailler au cœur même de son dispositif. À travers une centaine de jeux de rôle qui se déroulent dans une ville à échelle des enfants, ces derniers sont en effet amenés à travailler, à gagner de l’argent et à consommer auprès de vraies entreprises et institutions. Sur la base d’une enquête ethnographique (observations in situ dans le parc de Santiago du Chili, entretiens avec des enfants et leur parent et analyses des discours de l’entreprise), l’article vise à rendre compte des relations complexes, dans ce lieu de loisir, entre le jeu (à la fois play et game) et le travail, entre jouer et travailler. Nous verrons que d’un côté le travail (dominé par le travail salarié) est au centre du game et transforme le jeu en une activité sérieuse ; de l’autre, le jeu et le jouer participent à idéaliser et à ludifier le travail, notamment au moyen de la fabrication d’un hors-jeu et de la dénégation des rapports sociaux souvent à l’œuvre dans le monde du travail.