Dans La promesse de l’aube, Romain Gary fait état de la naissance de sa vocation d’écrivain en l’abordant en termes d’assignation produite par l’Autre, sa mère en l’occurrence. Très jeune, il aurait entendu d’elle un « Tu seras… » qu’il s’est alors empressé d’interpréter, non sans humour, bien moins comme un commandement que comme une prophétie auto-réalisatrice. Aussi, sous couvert de liberté, évidemment, s’est-il appliqué à devenir ce que le désir de la mère voulait qu’il fût. Ainsi il a fait de ce désir autre la lance de sa propre destinée. Mais comment en a-t-il rendu compte ? Quels enseignements en a-t-il retenus ? Et enfin, et surtout, quelle leçon la psychanalyse pourrait-elle en tirer, c’est-à-dire, et pour ne prendre ici qu’un exemple, à quels ajustements la notion de « névrose de destinée » pourrait-elle se plier au regard d’une telle expérience subjective ?