La question de la compréhension constitue l’arrière plan de tout positionnement théorique et clinique en psychopathologie, en particulier lorsque sont en jeu les phénomènes de transformations de l’expérience subjective et de constructions délirantes rencontrés dans les psychoses. L’article suit l’élaboration de cette question chez trois auteurs : Jaspers, Freud et Lacan. Nous chercherons d’abord à resituer l’affirmation jaspérienne d’une incompréhensibilité radicale du délire psychotique au point de vue phénoménologique. Les critiques adressées par cet auteur à l’approche psychanalytique, confondant à ses yeux le régime de la compréhension et de l’explication causale, inviteront ensuite à développer la spécificité des conceptions freudiennes de la compréhension. Enfin, nous nous pencherons sur les critiques qu’en retour Lacan adressa à Jaspers ; si leur débat se noue autour du refus, par Lacan, d’une saisie compréhensive fondée sur l’empathie, nous soulignerons néanmoins certaines proximités maintenues entre les deux auteurs dans leur abord des psychoses. Cette perspective invite ainsi à mettre en regard les appréhensions respectives des phénomènes psychopathologiques impliquées par les approches phénoménologiques et psychanalytiques.