RésuméLe jeu et la création ont une même fonction : celle de pouvoir contenir et symboliser des affects. Après M. Milner et D. W. Winnicott on peut dire que ce processus dépend de la création d’une zone d’illusion partagée entre le sujet et le monde extérieur ainsi que des possibilités associatives mises en scène par le jeu ou l’œuvre. L’auteur développe alors l’hypothèse qu’un tel processus peut paradoxalement donner naissance à un éprouvé d’effondrement. L’observation du jeu d’un très jeune enfant montre comment ses angoisses de séparation sont peu à peu contenues jusqu’à un point qui le mène à éprouver une anxiété paralysante. Dans la dernière nouvelle de Stefan Zweig, un joueur d’échec risque de s’effondrer après avoir joué une partie. Dans cette ultime création, l’auteur aurait mis en scène un éprouvé qui risque alors de le submerger et pour lequel il se serait donné la mort. La montée persécutrice du nazisme, la dissension de ses liens passionnels et l’exil auraient peu à peu rompu ses étais, notamment son rapport adhésif à la culture, et mis en danger la stabilité de son cadre interne.