Les transhumanistes prétendent prolonger la vie humaine jusqu’à atteindre l’immortalité. Cet objectif repose éthiquement sur une assimilation du bonheur au bien-être, le vieillissement et la mort étant compris comme des désagréments inutiles voire comme des injustices insupportables. Il repose également sur une anthropologie où l’homme est réduit à un cerveau mécanisé aux multiples destinées possibles. Une vie prolongée heureuse est celle d’un cerveau performant dans une enveloppe corporelle ou mécanique sans défaut. Une telle prétention interpelle la théologie catholique. Pour celle-ci en effet, le bonheur est avant tout relation à Dieu. Relation possible dès cette vie mais vraiment accomplie après la mort, l’immortalité n’étant pas le fruit de l’effort de l’homme mais don de Dieu. Vieillissement et mort sont assumés comme données naturelles, reconnus comme conséquences d’une faute, mais aussi comme lieux possibles d’une rencontre de Dieu. Cette rencontre est l’unique finalité de l’homme, être compris dans une unité corporelle et spirituelle. Plutôt que de s’accrocher à une vie terrestre, le chrétien aspire donc à une vie nouvelle et éternelle, où l’âme et le corps trouvent en Dieu une harmonie bienheureuse. L’espérance d’une vie nouvelle n’est pas contradictoire avec l’engagement dans l’amélioration de la condition humaine mais elle le relativise. À un modèle d’une vie terrestre indéfiniment prolongée au prix d’une mécanisation de soi le christianisme continue de professer l’espérance d’une vie éternelle au travers d’une rupture, certes douloureuse, mais achevant une divinisation de soi offerte par Dieu.