« Il est si difficile de bien vieillir », écrivait Gide. Entre difficulté du renoncement et sagesse de l’acceptation, quatre écrivains témoignent à leur manière de la dure et parfois riche expérience de la vieillesse. Chez Albert Cohen, la persistance des passions et des convictions est à la mesure de l’angoisse devant l’inconnu de la mort qu’il imagine et interroge. Dans la Vie de Rancé, son dernier ouvrage, Chateaubriand prend le prétexte de la biographie pour parler de sa propre vieillesse qu’il vit comme un renoncement douloureux, comparable à l’effrayant renoncement du Trappiste qu’est devenu, après une jeunesse flamboyante et mondaine, Armand Jean le Bouthillier de Rancé. Jean d’Ormesson refuse l’apitoiement. Il choisit d’accepter la vieillesse avec gratitude comme il a accepté les bonheurs d’une vie riche et légère. Quant à John Cowper Powys, dans un petit traité optimiste et spirituel, il invite ses contemporains à s’accommoder de l’inévitable et à exploiter les ressources méconnues d’un âge qui peut être celui de la connaissance, plutôt que celui de la défaite.