En institution, les vieillards sont probablement plus souvent victimes de maltraitance, que maltraitants eux-mêmes. Parfois, résidants et soignants sont l’un et l’autre alternativement, tant il est vrai que l’agressivité est la réponse la plus naturelle à l’agression. On retrouve cette ambivalence pour l’institution dans son ensemble, à la fois victime de l’âgisme ambiant (qui est une forme de violence sociale), et génératrice de contraintes (souvent évitables et toujours mal vécues). L’expression la plus primitive de l’agressivité est la violence physique, mais la violence psychologique, moins spectaculaire et plus variée dans son expression, peut être tout aussi destructrice. Pourquoi ces veillards sont-ils agressifs ? Leur violence est-elle innée, ou résulte-t-elle d’un excès de frustration, d’une perte de maîtrise ? Très souvent, elle est la conséquence d’une souffrance impossible à élaborer. La réponse à la violence de ces vieillards agressifs fait appel à la relation (un œil sur soi, un œil sur l’autre), à la médiation, à l’aménagement du cadre de vie, parfois à la prescription d’une médication psychotrope. La violence est mortifère. Mais un sujet agressif mobilise une énergie dont une prise en soin personnalisée et concertée peut tirer profit pour le ramener sur le chemin de la vie.