L’amour est en partie imputable à des objets internes qui représentent les fantasmes de la relation dont les individus sont porteurs et qu’ils tentent de réactualiser dans le lien de couple. Lorsque la capacité d’explorer les états mentaux – les siens propres et ceux de l’autre – échoue (accordage affectif, Stern, 1985), il s’ensuit : a) un dommage à la capacité de réfléchir sur les expériences mentales et de différencier les émotions (« identification projective excessive ») ; b) la négation de l’indépendance de l’objet ainsi que de la dépendance de la relation, associée à une énorme anxiété à l’idée d’un « triangle conjugal de couple » (Ruszczynski, 1997). Dans le cas clinique relaté de M. et Mme D, le thérapeute a tenté de différencier, dans la première intervention, les thèmes individuels (pour Mme D : le refus inconscient du rôle de la mère masochiste et soumise associé à l’identification à un père dominant ; pour M. D, l’introjection manquée à un père fort mais lié à une mère sur qui on ne peut pas compter), tandis que dans la seconde intervention, il a mis en évidence le thème inconscient partagé « ni avec, ni sans toi » (la peur que l’autre s’empare de la relation), qu’ils expriment aussi par leur collusion, au point de déclencher un conflit afin d’exclure l’analyste et d’éviter ainsi de « penser ».