Aujourd’hui, par dizaines, à la télévision comme sur Internet, des personnes témoignent de leur volonté de se priver d’une partie saine de leur corps : soit de s’amputer, soit d’obtenir une amputation chirurgicale après automutilation. Elles tiennent un discours stéréotypé, énonçant que leur corps ne leur convient pas et qu’elles ne se sentiront bien qu’après l’amputation du ou des membres « qui sont attachés à ce corps sans en faire partie ». Avec ce discours apparaît un riche vocabulaire dont une partie est reprise par le corps médical. Le Trouble de l’identité et de l’intégrité corporelle est né et va faire son entrée prochaine dans le DSM V. À examiner l’émergence de cette spectaculaire et nouvelle pathologie, au de-là des hypothèses pathogéniques qu’elle nous conduit à élaborer, se discutent l’influence de la place donnée au corps dans la culture, l’amplification portée par les média modernes et l’incidence du discours médical sur le surgissement de ce phénomène morbide.