Cet article a pour visée d’analyser certaines théorisations psychanalytiques de la violence conjugale, à la lumière d’une expérience clinique auprès de femmes souffrant de violences conjugales dans la banlieue de São Paulo. Cette recherche s’inscrit dans une étude mettant en correspondance la psyché et le champ social.Traduisant une indissociabilité entre recherche, clinique et théorisation, la psychanalyse n’est point d’abord une théorie mais une méthode liée à un objet, l’inconscient, rendu positif par une procédure de recherche et une technique.Comment penser alors une théorisation susceptible de rendre compte de la singularité social-historique de la violence conjugale contre les femmes ? Littéralisant ou imaginarisant des textes freudiens ou lacaniens, bien des interprétations psychanalytiques font état d’une position masochiste féminine essentialisée, ou d’une lecture réduite du phallus.La violence conjugale contre les femmes repose, à nouveaux frais, la question de l’historicité de la théorisation, de son inscription sociale, culturelle, politique, autant d’interrogations que les théories du genre ne manquent pas de formuler à la psychanalyse.La confrontation à la signification clinique et historique de la violence conjugale contre les femmes est alors une occasion d’éviter qu’une métapsychologie figée, an-historique, ne devienne paradoxale résistance à la psychanalyse.