Les nexus (Rouquette, 1994) sont définis comme des noyaux de sens irraisonnés qui ont une forte valeur de référentiel et un important pouvoir mobilisateur pour une communauté donnée, à une époque donnée. Cet article s’interroge sur les liens qu’ils entretiennent avec les représentations sociales et les processus de différenciation intercatégorielle. Deux recherches expérimentales ont été conduites à propos de la représentation du groupe idéal dans le cadre de l’approche structurale et à partir d’une technique de mise en cause (Moliner, 1989). La première recherche (n = 217) indique que l’activation d’un nexus module fortement l’effet de la mise en cause d’un élément central de la représentation et que, inversement, une menace pesant sur un nexus entraîne un rejet massif de l’objet, même lorsque celui-ci apparaît comme conforme à ses prescriptions centrales. Une seconde recherche (n = 120) atteste du pouvoir unificateur du nexus qui, lorsqu’il est mobilisé, compense les effets de divergences intra et intergroupales conflictuelles. Ces résultats conduisent à penser que les nexus contiennent une charge affective dont le poids semble circonstanciellement prépondérant dans les mécanismes de la pensée sociale.