Stress et anxiété: de quoi s'agit-il?
Auteurs : Boudarene M1Stress et anxiété sont souvent confondus par les sujets qui en expriment la plainte, mais aussi par un amalgame abusif dans les discours médical et médico-psychologique. Ces deux notions, sans être exclusives, sont fondamentalement différentes, et si le concept d'anxiété recouvre un aspect psychopathologique bien défini, il n'en est pas de même de celui du stress qui reste peu précis. Le but de ce travail est de montrer par des méthodes objectives (tests psychologiques et potentiels endogènes: P300 et VCN), d'une part le lien qui pourrait exister entre le stress et l'anxiété, et d'autre part les processus par lesquels cette dernière (l'anxiété) jouerait un rôle dans la modulation de la perception des événements et, par conséquent, dans les réponses de stress. Trois groupes de sujets ont été examinés: un groupe de témoins et deux groupes de consultants. Parmi les consultants, les sujets du premier groupe présentaient un « trouble anxiété généralisée » (critères du DSM IV); ceux du second groupe consultaient dans le cadre d'une clinique de stress, CITES Prévert (Centre d'information de thérapeutique et d'études sur le stress). Ces derniers ne présentaient aucune affection psychique diagnostiquée et étaient tous encore en activité au moment de l'examen. La demande d'aide était motivée par un sentiment de tension et de « mal être rapporté à des causes extérieures en général bien identifiées. Dans les deux cas, les sujets ne consommaientaucune thérapeutique psychotrope. Les résultats montrent que la réponse de stress n'est pas univoque. L 'approche catégorielle des données permet de distinguer des modèles de fonctionnement différents et de leur conférer un caractère normal ou pathologique. Les corrélations observées entre l'anxiété dans sa dimension trait et les données comportementales et neurophysiologiques semblent s'organiser selon un continuum qui rendrait moins nette la distinction entre le normal et le pathologique. Elles mettent cependant en évidence le rôle du trait anxieux dans les distorsions cognitives et les troubles comportementaux observés, et les processus par lesquels l'anxiété introduirait un biais dans la perception de l'événement et, par conséquent, dans la réponse de stress.