Chimioradiothérapie des carcinomes des voies aérodigestives supérieures
Auteurs : Bourhis J1, Calais G2, Eschwège F1L'objectif de cette revue est de taire le point sur la chimioradiothérapie dans les cancers des voies aérodigestives supérieures en se basant sur les principaux essais randomisés comparant radiothérapie seule et la même radiothérapie associée à la chimiothérapie. Plus de 40 essais de ce type ont été pratiqués dont un grand nombre n'a pas montré d'amélioration du contrôle locorégional et de la survie dans le bras comportant la chimiothérapie. Cependant, à une exception près, lorsqu'un avantage statistiquement significatif est apparu dans une étude, il s'est produit en faveur du bras comportant la chimiothérapie. Ainsi, plusieurs essais de radiotherapie-chimiothérapie concomitante ou alternée ont-ils retrouvé un avantage en laveur du bras comportant la chimiothérapie. À l'inverse, la chimiothéraple néoadjuvante n'a pas apporté de bénéfice détectable par rapport à la radiothérapie exclusive dans la quasi-totalité des essais rapportés. Ces tendances ont également été retrouvées dans les quatre essais randomisés qui ont comparé une chimioradiothérapie séquentielle et une chimioradiothérapie concomitante. L'impact de la chimiothérapie sur la survie globale a été évalué au travers d'une méta-analyse (MACH-NC) portant sur près de 11 000 patients randomisés. La chimiothérapie apporte en association avec la radiothérapie un bénéfice de 4 % à 2 et 5 ans, mais celui-ci est plus important dans les associations concomitantes/alternées (8 % à à ans). Dans les cancers classés T3 du pharyngolarynx, la chimiothérapie néoadjuvante suivie de radiothérapie permet d'éviter la laryngectomie totale pour les patients dont la tumeur a bien répondu à la chimiothérapie, sans compromettre significativement la probabilité de survie. Dans le groupe un peu à part des carcinomes du nasopharynx, le nombre d'essais randomisés a été beaucoup plus faible (quatre), mais les résultats suggèrent cependant la supériorité de l'association radiothérapie-chimiothérapie. Enfin, les essais futurs doivent s'attacher à améliorer ces associations radiothérapie-chimiothérapie en optimisant les types de chimiothérapie, les séquences thérapeutiques, les intervalles, ainsi qu'en déterminant les meilleurs schémas de radiothérapie (accélérée, hyperfractionnée) au sein de ces associations thérapeutiques.