Gangrène cutanée des organes génitaux externes. A propos de 44 cas.
Auteurs : Brissiaud JC1, Azam P, Paret B, Lopy J, Louis C, Collet FObjectif de l'étude : L'objectif de cette étude est de rapporter 44 cas de gangrène cutanée des organes génitaux extemes observés en l'espace de 4 ans à l'hôpital principal de Dakar (Sénégal). Malades et méthodes: Les patients étaient tous de race noire (âge moyen 60 ans) venant de milieux défavorisés. Le diabète était présent dans 11 % des cas. Aucune étiologie n'a été trouvée chez dix patients ; chez les 34 autres, les lésions étaient secondaires surtout à une pathologie urogénitale (50 %). Dans la moitié des cas, la gangrène cutanée était limitée aux organes génitaux externes; dans l'autre moitié, elle était étendue à l'hypogastre et/ou au périnée. Le traitement médical a comporté dans tous les cas une réanimation et une triple antibiothérapie associant pénicilline G, gentamycine et métronidazole. Une oxygénothérapie hyperbare a été associée dans 25 % des cas. Le traitement chirurgical à la phase aiguë a comporté une mise à plat, débridement, parage, drainage, une dérivation urinaire (n = 36), une colostomie (n = 5). Un suivi bactériologique prospectif a été réalisé chez les 13 derniers patients. Résultats: La cicatrisation spontanée a été obtenue chez 48 % des patients dans un délai de 2 à 3 mois. La chirurgie réparatrice secondaire a comporté surtout des plasties cutanées. Le taux global de mortalité a été de 34 %. Le taux de mortalité a été de 30 % dans les formes secondaires et 40 % dans les formes primitives. La durée moyenne d'hospitalisation a été de 6 semaines. Les séquelles étaient surtout des cicatrices chéloïdes. Conclusions: Les auteurs tentent de clarifier les imprécisions nosologiques de cette pathologie en séparant les formes secondaires et les formes primitives correspondant à la maladie de Foumier qui suscite encore en 1998 beaucoup d'interrogations au plan étiopathogénique. Le traitement chirurgical doit éradiquer toute la nécrose par des gestes itératifs adaptés, associés à des soins locaux. L'oxygénothérapie hyperbare n'a pas fait la preuve de son efficacité dans cette série. Cette pathologie, bien que rare, mérite d'être mieux connue car un traitement médicochirurgical très précoce et efficace est seul capable d'atténuer la gravité exceptionnelle du pronostic.