Epidémiologie de la déficience en fer et de l'anémie ferriprive dans la population française.
Auteurs : Hercberg S1, Galan P, Prual A, Preziosi PL'amalgame fait entre les concepts d'anémie et de carence en fer a laissé croire, compte tenu de la faible prévalence de l'anémie retrouvée dans les études épidémiologiques réalisées dans les pays à haut niveau socio-économique au cours des vingt dernières années, que la carence en fer avait complètement disparu [1]. Cependant, la réduction des apports énergétiques observée au cours des dernières décennies dans les pays industrialisés en réponse à la diminution de nos dépenses énergétiques et à la modification structurelle de la ration (pourcentage de plus en plus élevé d'aliments contenant des sucres simples sans apport en micronutriment) laisse à penser que la couverture des besoins en fer (comme en beaucoup de minéraux et de vitamines) n'est pas aussi simple qu'on avait bien voulu le croire [2, 3]. Parallèlement, les progrès récents dans le domaine de la biologie du fer, dans les méthodes d'évaluation du statut en fer des individus et des populations et dans la connaissance des conséquences sur la santé de déficits modérés ont abouti à modifier le concept de carence en fer. II est clair aujourd'hui que l'anémie - même si elle est d'origine ferriprive - ne constitue qu'un stade très avancé de la carence en fer. C'est en fait la partie visible de l'iceberg, mais la carence en fer constitue une entité beaucoup plus vaste que l'anémie, tant par le nombre d'individus concernés que par l'éventail de ses conséquences sur la santé des individus et sur la vie de la communauté [1, 4]. Cet article de synthèse fait le point sur les facteurs déterminants et la réalité du statut en fer de la population française.