L'apport des lambeaux micro-anastomosés dans la réparation des pertes de substance faciales consécutives aux tentatives d'autolyse par fusil de chasse élargit et affine considérablement les possibilités offertes au chirurgien reconstructeur. La prétention n'est plus de combler vaille que vaille une déhiscence, de «remplir un trou», mais bien d'apporter un tissu manquant par un tissu semblable, capable de restaurer une esthétique identique, de supporter une contrainte équivalente, de redonner une fonction analogue. L'analyse rétrospective de 56 dossiers de délabrement facial balistique comptabilise pour 32 d'entre eux 66 transferts microchirurgicaux. La qualité vasculaire des transplants leur permet une meilleure intégration dans un site récepteur parfois hostile et réduit notablement les délais de prise en charge. Même si les résultats objectifs obtenus dans le traitement de ces grandes défigurations demeurent médiocres, l'usage en première intention de ces multiples lambeaux, exclusivement réservés aux réparations profondes, à la fondation en quelque sorte de la reconstruction, a modifié nos comportements. Une véritable stratégie de traitement à moyen terme, une forme d'arbre décisionnel a pu être proposée qui, nonobstant quelques échecs inéluctables, laisse moins de place à l'improvisation, à la chirurgie au coup par coup. Certes, les lambeaux micro-anastomosés ne seront que la partie cachée de la reconstruction, le recouvrement de surface faisant appel aux lambeaux de proximité et aux autres techniques conventionnelles de chirurgie réparatrice. Mais ce rôle caché, humble pourrait-on dire et pourtant fondamental au sens propre du terme, sied bien à l'état d'esprit qui préside à cette chirurgie.