Position du problème : L'étude a pour objectif d'identifier des facteurs prédictifs d'incapacité fonctionnelle au grand âge et de préciser la place de facteurs de risque de la vie professionnelle. Méthodes : Les sujets, habitant la région parisienne, ont été tirés au sort dans les fichiers d'une caisse de retraite complémentaire. Ils ont été interrogés en 1982-83 (T1) et revus en 1992-93 (T3). Le questionnaire a enregistré aux deux temps de l'enquête les déclarations des sujets concernant leur situation sociale, les déficiences et les incapacités dans les soins physiques et la mobilité. Les conditions de travail durant la vie active ont été enregistrées lors du premier passage. Résultats : Au total 627 sujets âgés en moyenne de 69 ans ont participé à T1 et 392 sujets ont été revus dix ans plus tard. Entre T1 et T3, 185 sujets sont décédés et 50 ont été perdus de vue. Le taux d'incidence d'incapacité dans les soins physiques est de 41,4 % pour les hommes et de 57,6 % pour les femmes. Pour l'incapacité dans la mobilité, ces taux sont égaux à 37,1 % et 54,7 %. En analyse multivariée, quatre facteurs de TI accroissent l'incidence de l'incapacité dans les soins physiques : appartenir à la catégorie sociale « employé », ne pas avoir d'activité physique, prendre régulièrement des médicaments et présenter une déficience psycho-affective. Les facteurs qui accroissent l'incidence de l'incapacité dans la mobilité sont le fait d'être une femme, d'avoir été « employé », de prendre régulièrement des médicaments et de présenter une déficience cardio-respiratoire ou sensorielle. Par contre les sujets ayant déclaré une déficience psycho-affective ont un risque moindre. Conclusion : Ces résultats confirment le rôle de deux types de facteurs prédictifs : biomédicaux et sociaux. Les facteurs de risque professionnel ne semblent pas jouer de rôle direct sur l'incidence à 10 ans.