Du concept des analogues rapides aux propriétés de l'insuline lispro.
Auteurs : Selam JL1Les difficultés d'obtention d'un bon contrôle glycémique dans le diabète insulino-dépendant tiennent beaucoup aux insuffisances de l'insuline par voie s.c.: en particulier résorption variable d'un sujet à l'autre et d'un jour à l'autre, et non régulière dans le temps de l'insuline lente, action trop tardive et prolongée de l'insuline rapide. La lenteur d'absorption de l'insuline rapide s'explique par la nécessité d'une dissociation des hexamères. Les laboratoires Lilly, en inversant les acides aminés proline et lysine en 28-29 sur la chaîne B, ont créé une insuline qui se dissocie plus rapidement en monomères après injection. La stabilité de l'insuline Lispro est très bonne, probablement en raison de son tampon phosphate: dans notre expérience, dans des conditions simulant l'utilisation dans des pompes à insuline portables, l'insuline Lispro s'est révélée plus stable que des insulines spécialement destinées à cette utilisation. L'affinité pour le récepteur de l'insuline est identique à celle de l'insuline. L'affinité pour le récepteur de l'IGF1 est 1,5 fois supérieure à celle de l'insuline toujours dans certains modèles, et comparable dans d'autres, et presque 1000 fois inférieure à celle de l'IGF1. Les études sur la puissance in vivo et la croissance cellulaire ex-vivo, ainsi que les études de tolérance chez l'animal (mutagénicité, toxicité et carcinogénicité), n'ont pas montré, contrairement à l'analogue Asp B10, d'effet différent de l'insuline rapide. La pharmacocinétique montre un pic insulinémique plus précoce et plus élevé, et un retour plus rapide aux valeurs de base que l'insuline rapide. A partir des études pharmacocinétiques chez les sujets sains et diabétiques, les caractéristiques retenues par les autorités réglementaires sont: début d'action à 15 min, pic insulinémique entre 30 et 70 min, durée d'action de 2 à 5 h. Certains travaux cliniques ont montré une durée d'action raccourcie de 1 à 3 h par rapport l'insuline rapide, et une influence moindre de la dose et du site d'injection. Ceci incite à recommander l'insuline lispro immédiatement 0 à 15 min avant le repas, et l'adjonction chez certains patients d'une insuline à action prolongée si l'intervalle entre les injections est important, c.a.d. toujours au repas du soir, mais peut-être aussi au repas de midi. La mixibilité de l'insuline lispro avec l'Umuline NPH ou l'Umuline zinc est possible et n'altère pas sa pharmacocinétique et sa puissance, si l'injection est réalisée immédiatement. La stabilité et reproductibilité glycémique n'ont encore donné lieu qu'à quelques études. Elles montrent une tendance à l'amélioration des excursions glycémiques dans la journée mesurées par le MAGE, et de la variabilité de l'insulinémie exprimée en aire sous courbe, réduite de moitié chez le même individu ou d'un individu à l'autre, avec un impact moins net sur la variabilité d'un jour à l'autre des excursions glycémiques. Au total, l'insuline Lispro offre une cinétique plus rapide, une stabilité plus grande et peut-être une reproductibilité meilleure que l'insuline rapide. Ces avantages, s'ils sont confirmés par la clinique, devraient permettre d'améliorer le confort et la stabilité glycémique des diabétiques.