Système nerveux central, dépression et mort cardiaque.
Auteurs : Glassman AH1Il existe aujourd'hui des preuves convaincantes d'un lien entre la dépression et la mort cardio-vasculaire. Ces preuves viennent d'études prospectives sur des populations saines ainsi que d'études chez des patients présentant une cardiopathie ischémique. Il est apparu clairement, ces derniers temps, qu'il existe une forte association entre le tabagisme et la dépression, ce qui a fait naître l'hypothèse selon laquelle l'association entre maladie cardio-vasculaire et dépression serait un artefact du tabagisme. L'étude NHEFS (National Health Examination Follow-up Study) a tranché la question. Trois mille adultes sans maladie clinique au début de l'étude ont été suivis pendant 12,5 ans. Le tabagisme et d'autres facteurs de risque connus étant contrôlés, la dépression s'est révélée être un facteur prédictif de l'augmentation des cardiopathies ischémiques fatales et non fatales. Etudiant des patients et non des sujets sains, Carney et al. ont montré, en 1988, que parmi les patients soumis à une angiographie coronarienne, ceux qui souffraient de dépression majeure avaient plus de chances de faire un infarctus ou de décéder au cours des 12 mois suivants que les patients non dépressifs. Deux ans plus tard, Ahern et al. ont observé que les patients présentant une arythmie ventriculaire après un infarctus du myocarde avaient plus de chances de décéder au cours de l'année suivante s'ils étaient dépressifs. Toutefois, la meilleure étude, et de loin, est celle de Frasure-Smith et al., en 1993. Ces auteurs ont suivi 222 patients consécutifs qui avaient fait un infarctus du myocarde et ont montré que le développement d'une dépression majeure est un facteur prédictif significatif du décès au cours des 6 mois suivants (rapport de risques ajusté: 4,29). Au bout de 18 mois, les patients qui n'avaient qu'une légère augmentation des scores de Beck dans l'unité de soins intensifs avaient la même probabilité de décès que ceux qui présentaient des symptômes de dépression majeure. Quant à savoir si le traitement de la dépression peut modifier les risques de décès chez les patients souffrant de cardiopathie ischémique, et quels sont les mécanismes sous-jacents à ces risques, la question reste en suspens.