Crises de colère dans les troubles dépressifs unipolaires.
Auteurs : Fava M1Environ un tiers des patients ambulatoires dépressifs présentent des « crises de colère », soudaines bouffées de colère accompagnées de symptômes d'activation du système nerveux autonome tels que tachycardie, sueurs, érythème et oppression thoracique. Ces crises de colère sont ressenties par les patients comme étrangères à leur personnalité et incongrues dans les situations où elles surviennent. Les patients dépressifs présentant une crise de colère sont significativementplus anxieux et hostiles et ont plus de chances de répondre aux critères de personnalité limite (borderline), exhibitionniste, narcissique et antisociale que les patients dépressifs sans crises de colère. Des études thérapeutiques tendent à prouver que le traitement des crises de colère du dépressif est utile et sûr. Les crises de colère disparaissent chez 53 à 71 % des patients ambulatoires dépressifs traités par des antidépresseurs comme la fluoxétine (Prozac®), la sertraline et l'imipramine. En outre, le taux de survenue des crises de colère après traitement par la fluoxétine (Prozad®) (6-7 %) est comparable à celui observé sous sertraline (8 %) et imipramine (10 %) et inférieur à celui observé sous placebo (20 %). Enfin, on peut émettre l'hypothèse que les antidépresseurs affectant la transmission sérotoninergique - dont on connaît le rôle dans la modulation du comportement agressif chez l'animal et chez l'homme - devraient être particulièrement efficaces chez ces patients. Des études contre placebo à plus grande échelle, comparant des inhibiteurs sélectifs de recapture de la sérotonine (ISRS) comme la fluoxétine (Prozad®) à des antidépresseurs tricycliques relativement noradrénergiques, comme la désipramine, pourraient nous aider à comprendre si les patients dépressifs avec crises de colère présentent une réponse distincte au traitement médicamenteux.