Le diabète insulinodépendant (DID) est souvent évoqué comme facteur de risque des troubles psychopathologiques. L'objectif de ce travail est de montrer le type de troubles psychiatriques rencontrés dans le suivi de ces patients et leurs relations avec l'équilibre métabolique, dans une population d'enfants et d'adolescents DID consultant en pédopsychiatrie.Patients et méthode. -La population étudiée consiste en 57 sujets, 20 garçons et 37 filles, âgés en moyenne de 14,7 ± 4,1 ans, dont le DID évolue en moyenne depuis 5,6 ± 4,3 ans. Ils ont été suivis sur 1 an par le même pédopsychiatre, avec une durée moyenne du suivi pédopsychiatrique de 22 mois. Ils ont été évalués au cours d'entretiens cliniques répétés (en moyenne trois par sujet) et les troubles psychiatriques ont été classés à l'aide des critères du ⪡ Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux ⪢, 3eédition révisée, DSM III-R.Résultants. -Les résultats font apparaître la fréquence des troubles émotionnels, 30 sujets présentant au moins un trouble anxieux et 17 un trouble de l'humeur ; 11 un état dépressif majeur et huit un trouble dysthymique. Les troubles anxieux les plus fréquents étaient les troubles phobiques et l'hyperanxiété. Deux sujets présentaient une anorexie mentale, un présente une boulimie nerveuse et neuf un trouble des conduites alimentaires non spécifié. Dix diagnostics de troubles perturbateurs du comportement ont été portés, un d'abus de substances toxiques et 11 de troubles de l'adaptation. Sept sujets avaient une dyslexie-dysorthographie, trois un trouble d'acquisition de la coordination et trois un niveau intellectuel limite. Les facteurs familiaux sont apparus comme très importants. Neuf sujets avaient un problème parents-enfant, quatre un syndrome de rivalité fraternelle, et deux un trouble de l'attachement. Les problèmes familiaux (conflits, divorce, difficultés économiques…) étaient rencontrés dans 63 % des cas. Le père ou la mère avait des troubles psychiatriques dans 24 cas (42 %). Les patients diabétiques ayant des troubles psychiatriques avaient un déséquilibre métabolique (HbAlC = 9,9 ± 2,4 %) et dix sujets (18 %) avaient déjà des complications somatiques. Certains troubles psychiatriques étaient significativement associés au déséquilibre métabolique. Les plus forts déséquilibres métaboliques étaient relevés pour les troubles des conduites alimentaires. Les complications somatiques n'étaient associées qu'à la durée d'évolution du DID.Conclusions. -Ce travail montre la présence de troubles psychiatriques caractérisés selon le DSM III-R dans le DID de l'enfant, surtout des troubles émotionnels, et leur association à un risque somatique accru, maximal pour les troubles des conduites alimentaires, mettant en évidence tout l'intérêt d'une collaboration diabétologue/pédopsychiatre. La prévalence exacte de ces problèmes doit être evaluée dans des enquêtes épidémiologiques.