Dix ans de recherches en sciences sociales sur le sida au Burkina Faso Éléments pour la prévention
Auteurs : Desclaux A1Les travaux en sciences sociales réalisés au Burkina Faso au cours de dix ans d’épidémie ont pris la forme d’enquêtes CAP (connaissances, attitudes, pratiques), d’enquêtes par groupes de discussion dirigée et d’études ethnologiques. Cet article présente une synthèse des principaux résultats d’une centaine de publications, pertinents pour la définition des stratégies de prévention. Malgré les actions menées, une partie de la population n’a pas eu accès à l’information sur les modes de transmission de la maladie et les moyens de prévention, et certaines notions essentielles restent méconnues. Des travaux montrent comment les représentations sous-jacentes des constituants de la personne, du sang, des maladies préexistantes et de leur transmission sociale déterminent l’interprétation de cette information. Les besoins en matière de traitement des maladies sexuellement transmissibles et de planification des naissances montrent que la prévention du sida doit être traitée dans le cadre plus vaste de la « santé de la reproduction ». La désignation de « l’autre » comme source de contamination, entretenue jusqu’à présent par une partie des messages de prévention, a limité la perception qu’ont les personnes de leur propre vulnérabilité. Les « effets pervers » du message « Fidélité ou capote » limitent l’efficacité préventive du préservatif. Fonder la prévention sur de nouvelles approches, en privilégiant la cohésion sociale ou en luttant contre la vulnérabilité des personnes, semble nécessaire pour limiter l’augmentation de la prévalence observée depuis 1986.