La chirurgie du cancer du sein évolue. Le traitement conservateur jusque-là limité aux tumeurs inférieures à 3 cm tend à présent à s'appliquer à des tumeurs plus volumineuses après radiothérapie ou chimiothérapie première, suivies d'une chirurgie limitée sur le reliquat tumoral. Mais certains cancers relèvent toujours d'une mammectomie, car toute tumorectomie carcinologiquement satisfaisante entraînerait une déformation majeure du sein traité, incompatible avec un traitement conservateur. Il est cependant techniquement possible de réaliser de très larges exérèses glandulaires, tout en remodelant un sein d'aspect normal, en faisant appel aux techniques de plastie mammaire de réduction (PMR) utilisées en chirurgie plastique. Entre 1983 et 1991, 70 patientes ont été traitées à l'hôpital Henri-Mondor par une PMR et une irradiation. Dans tous les cas, un traitement classique par tumorectomie et irradiation n'était pas réalisable sans risque d'avoir des séquelles cosmétiques. Ces patientes ont bénéficié d'une plastie mammaire de remodelage, après une très large tumorectomie. Une symétrisation du sein controlatéral a été effectuée durant le même temps opératoire, pour obtenir deux seins harmonieux. Cette plastie a été intégrée dans un protocole carcinologique avec irradiation du sein systématique, des aires ganglionnaires en fonction des résultats du curage, et chimiothérapie en fonction des facteurs pronostiques. Avec un recul moyen de 5 ans, nous présentons les résultats de cette association en terme de taux de survie, de récidive et de résultat esthétique. Le taux actuariel de récidive locale à 5 ans est inférieur à 10 %, le taux de survie actuariel à 5 ans est de 86 %, les résultats esthétiques sont cotés bon dans 81 % des cas. L'association PMR-radiothérapie apparaît donc comme un moyen d'étendre les indications du traitement conservateur à certaines lésions volumineuses du sein.