Suicide et psychotropes.
Auteurs : Lejoyeux M1, Rouillon FLe suicide est responsable, en France, de 0,5 à 1 % des décès et de 12 000 morts par an. Les patients présentant un trouble de l'humeur ont un risque de suicide multiplié par 30 par rapport à la population générale. Leur taux annuel moyen de mortalité est de 3 % dont un tiers est imputable au suicide, soit une prévalence annuelle du suicide chez les déprimés de l'ordre de 1 %. Les médicaments les plus facilement disponibles sont souvent les plus utilisés dans un but suicidaire. La diminution de la prescription des barbituriques s'est associée, entre 1973 et 1980, à une diminution significative des morts par surdosage en barbituriques. Dans le même temps, la fréquence des suicides par surdosage en paracétamol, neuroleptiques, benzodiazépines et antidépresseurs augmentait. Le taux de décès par millions de prescriptions varie, pour les antidépresseurs, entre 13 et 166. Ils correspondent, avec un chiffre moyen de trois prescriptions par an pour un déprimé traité par amitriptyline, à une prévalence annuelle du décès par suicide de 0, 005 %. Le plus souvent, la prescription d'antidépresseurs, qui permet de normaliser l'humeur, apparaît comme le mode de prévention le plus efficace des conduites suicidaires chez les déprimés. Toutefois, dans certains cas, les antidépresseurs et parfois d'autres psychotropes sont mis en cause dans la survenue de passages à l'acte auto-agressif chez des déprimés traités. Sur l'ensemble des études contrôlée d'antidépresseurs ayant précisé l'existence ou l'absence de geste suicidaire, on dénombre 5 cas sur 583 patients (0,8 %) dans le groupe placebo et 20 cas sur 1 140 patients (1,7 %) traités par un antidépresseur.