Antithrombotiques et diabète. Bénéfices et précautions d'emploi.
Auteurs : Guillausseau PJ1, Dupuy ELes patients atteints de diabète sucré (3 % de la population française) ont un risque de maladies coronaire et vasculaire plus élevé que les non-diabétiques, et développent à long terme des complications microvasculaires, rétiniennes et rénales. Des perturbations de la coagulation, de l'hémostase et de la fibrinolyse ont été mises en évidence chez les diabétiques, et contribuent à ces complications. L'utilisation de médicaments antithrombotiques est donc fréquente chez ces patients. En prévention primaire et secondaire, les antiagrégants plaquettaires (aspirine, ticlopidine) sont efficaces pour diminuer le nombre d'accidents vasculaires en général [réduction de 17 % pour la dernière méta-analyse de l'Antiplatelet Trialist's Collaboratlon (ATC)], des accidents coronaires et des accidents vasculaires cérébraux en particulier. Deux études ont montré un effet préventif des antlagrégants sur le développement de la rétinopathie diabétique à ses stades initiaux. Eu égard à l'intérêt de cette thérapeutique, les complications propres aux antlagrégants sont limitées, et peuvent être réduites par une surveillance appropriée. Un problème concerne le choix de la dose d'aspirine, la plupart des études ayant été réalisées avec de fortes doses d'aspirine, de 500 à 1 300 mg/24 h. Il est donc difficile de conseiller une dose plus faible que 300 à 500 mg/24 h. L'utilisation d'anticoagulants (héparine, antivitamines K) ne pose pas plus de problème chez les diabétiques que chez les non-diabétiques. Il en est de même des thrombolytiques utilisés à la phase algue de l'infarctus du myocarde : le risque d'accident hémorragique et notamment infra-oculaire n'est que théorique, un seul accident (régressif) ayant été signalé à ce jour. En conclusion le diabète sucré constitue plutôt une indication privilégiée qu'une source de contre-indication des antithrombotiques, antiagrégants plaquettaires, anticoagulants et antithrombolytiques.