Nous rapportons trois nouveaux cas de tumeurs vésicales survenues chez des patients traités par cyclophosphamide (Endoxan®) au long cours : deux malades atteints d'une maladie de Waldenström, ont présenté une tumeur vésicale après respectivement 7,5 et 7 ans de traitement (220 et 190 g de doses totales reçues). Le troisième, traité pour une érythroblastopénie auto-immune, a eu une tumeur 5 ans après avoir reçu 39 g de cyclophosphamide sur 3,3 ans. Les tumeurs vésicales survenant après prise de cyclophosphamide sont généralement des carcinomes à cellules transitionnelles. Elles s'observent après un traitement oral, généralement prolongé plus d'un an, le facteur de risque principal étant la dose cumulée supérieure à 20 g. L'intervalle libre moyen est d'environ 7 ans. Hormis la dose totale reçue, aucun autre facteur de risque n'a pu être isolé (tabagisme, pathologie sous-jacente, âge, sexe, survenue d'une cystite hémorragique). Le risque relatif par rapport à une population saine appariée est estimé entre 7 et 9. Un effet carcinogène direct sur la muqueuse vésicale de l'un des deux métabolites du cyclophosphamide, l'acroléine, est l'hypothèse physiopathologique la plus probable, mais l'effet immunosuppresseur du cyclophosphamide pourrait jouer un rôle favorisant. Le risque de tumeurs vésicales secondaire impose de limiter les indications du cyclophosphamide au long cours, en particulier dans les pathologies non malignes et de surveiller de façon stricte ces patients, notamment au moyen de cystoscopies régulières.