Situation actuelle de la campagne d'éradication de la dracunculose.
Auteurs : Ranque P1, Peries H, Meert JP, O'Neill KLa dracunculose, ou filaire de Médine, est connue depuis la plus haute antiquité et restera à jamais liée à cette image du traitement indigène qui consiste à enrouler la femelle adulte autour d'un petit morceau de bois. Depuis près de dix ans cependant, un effort mondial a été entrepris pour l'éradication de cette filariose, éradication qui semble simple a priori mais qui se trouve singulièrement compliquée par le contexte dans lequel elle doit se faire: grande difficulté d'accès aux zones infectées, grande misère des populations concernées, «les plus pauvres parmi les plus pauvres». Des résultats exceptionnels ont pu être obtenus dans certains pays comme le Pakistan grâce à la mise en oeuvre conjuguée d'un engagement politique au plus haut niveau, d'un financement important et de l'appui technique de nombreuses organisations nationales et internationales. Si aujourd'hui les taux d'infestation ont baissé de 90 % dans le monde, l'effort ultime à fournir pour une éradication est des plus difficiles et on s'oriente, à l'image de l'Inde ou du Mali, vers des stratégies comprenant une approche intégrée. Cette stratégie donne des résultats relativement lents et progressifs, mais les acquis en matière d'hydraulique villageoise sont remarquables et durables. Il apparaît en effet nécessaire de saisir l'opportunité des interventions dans ces zones pour favoriser le développement de programmes multisectoriels de lutte contre la pauvreté. Une éradication réussie sans la mise en place de ces mesures d'accompagnement serait peut-être un succès en terme d'atteinte de l'objectif spécifique mais, en termes de santé publique et d'assistance aux populations les plus défavorsées, cela correspondrait à une opportunité manquée difficilement justifiable.