L'auteur passe en revue l'évolution de l'épidémiologie cardio-vasculaire au cours des vingt dernières années. La mortalité associée aux complications cliniques de l'athérosclérose s'est rapidement accrue dans les pays industrialisés après la deuxième guerre mondiale. Ceci a conduit au développement de recherches épidémiologiques dès 1950 avec respectivement l'étude de Framingham aux Etats-Unis et la « Seven Countries Study » essentiellement en Europe. Le concept de l'origine multifactorielle des maladies cardio-vasculaires, dont les affections coronariennes, a été proposé dans les années 60. Les trois facteurs de risque coronariens majeurs, en dehors de l'âge et du sexe, l'hypercholestérolémie, l'hypertension artérielle et le tabagisme à la cigarette étaient retrouvés de façon systématique avant 1975 dans de nombreuses études de cohortes prospectives. Les vingt dernières années ont vu se confirmer l'importance de ces trois facteurs de risque et en particulier leur rôle prédictif à long terme dans différentes ethnies, tant chez les hommes que chez les femmes. D'autres facteurs de risque sont venus s'ajouter. Enfin, au cours des dernières années, différents polymorphismes de gènes, ainsi que leurs expressions phénotypiques, ont été mis en relation avec une augmentation du risque coronarien. Des essais de prévention primaire et secondaire uni- et multifactoriels sont venus confirmer les données de l'épidémiologie analytique. Le rôle crucial de l'alimentation dans l'hypothèse nutritio-métabolique a été confirmée en médecine expérimentale. Le concept de stratégie de prévention chez les sujets à haut risque et dans la population au sens large a été proposé par les organismes internationaux faisant suite aux publications de l'épidémiologiste anglais G. Rose. Tant la France que la Belgique ont contribué au développement de l'épidémiologie cardio-vasculaire au cours de ces vingt dernières années. La France développe les recherches d'épidémiologie génétique, et très lentement on pourrait passer de la médecine probabiliste à la médecine prédictive dans le domaine des cardiopathies ischémiques. Bien que le modèle causal multifactoriel des maladies cardio-vasculaires soit robuste, il n'en reste pas moins probabiliste ; il prédit toutefois des risques relatifs de 15 à 1 entre le dernier et premier décile de la fonction multilogistique. Des facteurs d'environnement liés aux styles de vie expliquent une partie importante de ces différences. Au niveau individuel, des facteurs génétiques modulent très probablement les influences de l'environnement et on peut imaginer, dans le futur, des modèles plus prédictifs. L'évolution de l'épidémiologie cardio-vasculaire est peu enseignée dans les écoles médicales et encore de façon peu logique, mettant plutôt l'accent sur les facteurs de risque que sur l'individu. Suite à la publicité faite autour des résultats des grands essais de prévention secondaire, celle-ci est mieux connue des cliniciens. En conséquence, la létalité intra-hospitalière de l'infarctus aigu du myocarde est en diminution. Enfin, la prévention au niveau de la population nécessite des décisions politiques en santé publique ayant une influence non négligeable sur l'économie d'un pays. En conséquence, ces décisions politiques sont prises très lentement, tant au niveau national qu'au niveau de l'Europe Unie.