L'adjonction des enzymes encapsulées (protéases, lipases) aux détergents au Maroc date de 1993. Une enquête de type cohorte rétrospective nous a permis d'évaluer les prévalences des symptômes cliniques et des troubles de la fonction respiratoire chez les deux groupes exposés et non exposés. Cette enquête, qui a concerné 32 ouvriers exposés et 42 non exposés, a consisté en un questionnaire (C.E.C.A., O.M.S.), une radiophotographie thoracique et des épreuves fonctionnelles respiratoires. L'étude médicale a été associée à une enquête sur le terrain avec évaluation de l'empoussièrement (taux pondéral et activité enzymatique). Cinquante-sept pour cent des exposés ont une symptomatologie clinique respiratoire contre seulement 7 % des non exposés. La rhinite, l'asthme, la toux, la bronchite chronique, l'eczéma et la conjonctivite sont significativement plus fréquents chez les exposés que chez les non exposés. La fonction respiratoire est altérée chez 65,5 % des exposés contre seulement 38,6 % des non exposés. Le trouble fonctionnel global retrouvé est de type obstructif Le DEP et le VEMS sont plus fréquemment amputés chez les exposés (25 %) que chez les non exposés (7,14 %). Ces anomalies sont aggravées à la fin de la journée de travail. L'atopie semble être un facteur favorisant. Le tabac intervient significativement dans l'altération des paramètres fonctionnels. L'enquête sur le lieu du travail a mis en évidence l'insuffisance des moyens de protection et l'élévation des taux d'empoussièrement dépassant les valeurs moyennes atmosphériques recommandées (500 μg/m³) ; par contre, l'activité enzymatique de la poussière collectée reste dans les limites normales (<0,5 GU/m³). Il est donc impératif de développer les moyens de prévention collective (un encapsulage plus efficace des enzymes, travail en vase clos, une ventilation et une aspiration plus efficaces) et individuelle (tenue de protection adaptée, masque respiratoire spécifique aux enzymes) pour réduire au maximum ce risque.