Conditions de vie de personnes prostituées: conséquences sur la prévention de l'infection à VIH.
Auteurs : Serre A1, Schutz-Samson M, Cabral C, Martin F, Hardy R, DeAquino O, Vinsonneau P, Arnaudies M, Fierro F, Mathieu L, Pryen S, Welzer-Lang D, DeVincenzi IDepuis 1990, plusieurs actions de santé communautaire ayant pour objectif principal la prévention de l'infection à VIH auprès de personnes prostituées ont été mises en place en France. Les conditions de vie extrêmement précaires semblent être un obstacle important à la diffusion de messages de prévention. A partir de ce constat, fait par les équipes de terrain, un groupe de travail pluridisciplinaire a mis en place une étude afin d'évaluer les conditions de vie pouvant influencer l'adoption ou non de comportements à moindre risque de contamination du VIH. Durant le mois de mai 1995, six des sept équipes réalisant des actions de prévention auprès de personnes prostituées en France ont recueilli des informations, telles que le type de logement, la couverture sociale, les agressions, la toxicomanie, à partir d'un questionnaire court et standardisé. Ces données devaient être recueillies de façon exhaustive sur l'ensemble des personnes rencontrées lors des permanences de ces équipes. 355 questionnaires ont été remplis (recueil exhaustif pour 3 équipes sur 6). La population étudiée est constituée de femmes, d'hommes et de travestis. L'âge médian est de 28 ans. Seulement 39% (135/348) des personnes bénéficient d'une couverture sociale. Environ une personne sur deux a un mode de logement précaire (hôtel ou sans domicile fixe) (160/324). Au moins une personne sur trois (119/355) a été agressée au cours des 5 mois précédant l'enquête. Les travestis et les plus jeunes présentent les situations les plus précaires. Malgré les limites de cette étude, inhérentes à la difficulté de recueillir des informations dans cette population extrêmement marginalisée, ces informations sont les seules disponibles et peuvent permettre d'adapter les stratégies des actions de santé communautaire. En particulier, il semble important de travailler sur l'accès au logement, la prise en charge des soins médicaux, le partenariat avec les services médico-sociaux et la sécurité physique, parallèlement à la diffusion de messages de prévention et de préservatifs.