Objectifs : Déterminer la fréquence et les caractéristiques des résistances aux antibiotiques des bacilles à Gram négatif isolés lors d'infections sévères. Méthodes : La sensibilité aux antibiotiques de 649 bacilles à Gram négatif aérobies responsables d'infections sévères collectés entre janvier et décembre 1992 dans 18 centres hospitaliers universitaires, a été déterminée par mesure des concentrations minimales inhibitrices par dilution en milieu gélosé (pipéracilline, association pipéracilline + tazobactam et imipénème) ou par microdilution en milieu liquide (amoxicilline, amoxicilline+ acide clavulanique, céfotaxime, ceftazidime, aztréonam, ticarcilline, ciprofloxacine, fosfomycine, tobramycine, gentamicine, amikacine). L'interprétation des résultats a été faite selon les recommandations du comité français de l'antibiogramme de la société française de microbiologie. Les bêtalactamases ont été identifiées par focalisation isoélectrique et l'hyperproduction de céphalosporinase a été définie selon des critères phénotypiques. Résultats : Les principales espèces isolées étaient par ordre de fréquence Escherichia coli (45 p. 100), Pseudomonas aeruginosa (14 p. 100), Klebsiella pneumoniae (7,8 p. 100), Salmonella spp. (7,5 p. 100), Enterobacter cloacae (4 p. 100) et Klebsiella oxytoca (4 p. 100). Les souches isolées provenaient le plus souvent d'hémocultures (72,3 p. 100), de prélèvements respiratoires (11,4 p. 100) et de prélèvements digestifs profonds (8,6 p. 100). Les antibiotiques les plus actifs surles entérobactéries sont l'imipénème, l'aztréonam, l'amikacine et la ciprofloxacine (respectivement 99,3 p. 100, 98 p. 100 et 96,3 p.100 de souches sensibles). Le plus souvent, l'acide clavulanique ne suffit pas à restaurer la sensibilité à l'amoxicilline chez les entérobactéries productrices de pénicillinase. Parmi les souches de P. aeruginosa, 82 p. 100 sont sensibles à l'imipénème et à la ceftazidime, 81 p. 100 à l'association pipéracilline + tazobactam, 51 p. 100 à la ticarcilline. Acinetobacter baumannii est l'espèce la plus résistante aux antibiotiques à l'exception de l'imipénème qui est constamment actif. Conclusion : Les mécanismes de résistance aux bêtalactamines les plus répandus sont enzymatiques avec la production d'une pénicillinase plasmidique de type TEM (22 p. 100 des souches) et l'hyperproduction de la céphalosporinase chromosomique (9p. 100 des souches). La prévalence des bêtalactamases à spectre étendu est faible (1p. 100), exceptionnelle en dehors de K. pneumoniae.