L'ablation par radiofréquence représentent une alternative thérapeutique pour les rythmes réciproques nodaux récidivants ou mal contrôlés par le traitement pharmacologique. L'ablation sélective de la vole nodale lente, guidée par une approche électrophysiologique, possède l'avantage d'une efficacité remarquable au prix d'un très faible taux de bloc auriculo-ventriculaire complet définitif. Nous rapportons notre expérience concernant l'utilisation de cette technique chez 50 patients consécutifs souffrant de crises récidivantes, syncopales ou non maîtrisées par le traitement médical. Dans un premier temps, l'exploration électrophysiologique a eu pour but de confirmer la localisation nodale du rythme réciproque avant de procéder à l'ablation proprement dite, guidée par la recherche de potentiels de voie lente. A l'issue de la procédure, aucune tachycardie réciproque n'a pu être déclenchée. L'interruption de la vole lente antérograde a été obtenue chez 24 patients et de la voie lente rétrograde chez 1 patient ; les 25 autres patients ont gardé une dualité de conduction avec un allongement de la période réfractaire effective de la vole lente (268 ± 46 ms vs 251 ± 41 ms ; p < 0,01). Aucun bloc auriculo-ventriculaire complet définitif n'est apparu. L'interruption de la voie lente s'est accompagnée d'un raccourcissement de la période réfractaire effective de la voie rapide (323 ± 71 ms vs 348 ± 80 ms ; p < 0,01) non constaté en cas de persistance d'une dualité nodale. Aucune récidive n'est apparue au cours d'un suivi moyen de 19,2 mois ; cependant, l'exploration électrophysiologique de contrôle menée chez 25 patients, pourtant asymptomatiques, entre 1 et 3 mois a révélé une récidive dans 4 cas bénéficiant dans le même temps d'une nouvelle séance de radiofréquence. L'ablation guidée et sélective de la voie nodale lente par radiofréquence représente un traitement efficace et fiable des tachycardies réciproques nodales réfractaires au traitement médical. Un élargissement des Indications aux patients ne souhaitant pas suivre un traitement antiarythmique au long cours est envisageable.