Pendant plusieurs millions d'années. l'espèce humaine était programmée pour une alimentation contenant environ 15 mmol de sodium (1 g de chlorure de sodium) par jour. Nous sommes devenus dépendants du sel il y a dix à quinze mille ans seulement. Nous consommons actuellement 150 mmol de sodium (9 à 12 g de sel) par jour. Cette soudaine augmentation de l'absorption de sel (en termes d'évolution) est la cause la plus probable de l'augmentation de la pression artérielle avec l'âge qui touche la majorité de la population du globe. Ceux qui consomment moins de 60 mmol par Jour ne développent pas d'hypertension artérielle. La raison de cette augmentation des apports de sodium n'est pas connue, mais l'un des facteurs importants a probablement été la découverte de la conservation de la viande par immersion dans une solution saline concentrée. Ce pouvoir apparemment miraculeux du sel lui a conféré de telles qualités magiques et médicinales qu'il est devenu synonyme de bienfaisance et de santé. Ce n'est qu'en 1904 qu'Ambard et Beaujard suggérèrent qu'au contraire le sel alimentaire pouvait être néfaste et élever la pression artérielle. Cette idée n'a pas été répandue d'emblée et elle connaît encore un nombre décroissant d'opposants. L'ensemble des preuves indiquant que l'apport sodé est corrélé à la pression artérielle chez le sujet sain et l'animal et dans les formes héréditaires d'hypertension a été obtenu à partir de travaux expérimentaux et d'études de populations humaines. L'observation suivante fait le lien entre sodium et hypertension. Une augmentation des apports de sodium augmente la pression artérielle des rats, chiens, lapins, babouins, chimpanzés et hommes normaux. Les études de population ont mis en évidence une corrélation significative entre les apports sodés et l'augmentation habituelle de la pression artérielle avec l'âge. La création de souches de rats hypertendus a montré que la lésion génétique primitive à l'origine de l'hypertension siège au niveau du rein et qu'elle y altère l'excrétion urinaire de sodium. Il existe des indices similaires quoique moins convaincants dans l'hypertension essentielle. Les reins des patients présentant une hypertension essentielle et ceux des rats génétiquement hypertendus présentent un certain nombre d'anomalies fonctionnelles communes dont la plupart sont susceptibles d'altérer l'excrétion de sodium. L'hypertension artérielle essentielle semble résulter autant des troubles rénaux liés à l'absorption de sodium que l'hypertension secondaire résulte de la néphropathie.