Cibenzoline versus propafénone par voie orale dans la prévention de la récidive des arythmies auriculaires: étude multicentrique randomisée réalisée en double aveugle.
Auteurs : Lardoux H1, Maison Blanche P, Marchand X, Canler A, Rouesnel P, Bleinc D, Péraudeau P, Scheck FCette étude multicentrique, randomisée et réalisée en double aveugle sur groupes parallèles, avait pour but de comparer l'efficacité et la tolérance de la cibenzoline (C) et de la propafénone (P) par voie orale dans la prévention des récidives d'arythmie auriculaire (AA) sur une durée de 6 mois. Ont été inclus les patients des deux sexes porteurs d'une fibrillation auriculaire ou d'un flutter réduits et en rythme sinusal prédominant (> 50 %), ayant une fraction de raccourcissement du ventricule gauche supérieure ou égale à 20 % et ne recevant aucun traitement antiarythmique. N'ont pas été inclus les patients présentant des troubles sévères de la conduction, une insuffisance cardiaque sévère (classe III ou IV de la NYHA), une hypotension artérielle prononcée ou un infarctus du myocarde récent. Les traitements ont été administrés à la posologie d'un comprimé 2 fois par jour, soit 260 mg/j de cibenzoline ou 600 mg/j de propafénone, cette posologie étant réduite de moitié chez les sujets âgés (> 70 ans). Les patients étaient vus à l'inclusion (J0), au troisième et sixième mois ou en cas de récidive des symptômes. Les récidives d'arythmie étaient appréciées par un ECG et un enregistrement Holter de 24 heures et d'après les symptômes ressentis par les patients. Soixante-cinq patients, 36 hommes et 29 femmes, âgés de 34 à 86 ans et présentant une arythmie auriculaire - une fibrillation auriculaire (80%) ou un flutter (20%) - ont été inclus dans l'essai ; 34 patients on reçu de la cibenzoline et 31 de la propafénone. Le trouble du rythme avait été déjà traité dans 78% des cas. Son étiologie était liée à une cardiopathie hypertensive (32%), valvulaire (8%), autre (17%) ou idiopathique (43%). Le trouble du rythme était symptomatique chez 91% des patients à l'inclusion. La fraction de raccourcissement du ventricule gauche à l'échographie était de 32,8±8,1% dans le groupe C et de 32,6±6,4% dans le groupe P. Les deux groupes étaient comparables avant traitement. L'efficacité des 2 traitements a été comparable : aucune différence significative n'a été mise en évidence sur le nombre de récidives, 11 patients traités par C et 12 traités par P; les pourcentage cumulés des patients sans récidive et ayant bien toléré le traitement (courbes actuarielles de Kaplan-Meier) à 6 mois étaient de 55,9% sous C et de 48,4% sous P (NS); la probabilité de non-récidive à 6 mois était de 0,63±0,09 dans le groupe C et de 0,57±0,09 dans le groupe P; le délai moyen de récidive (53,4 ± 44,3 jours dans le groupe C et 61,6 ± 35,3 jours dans le groupe P). Les événements indésirables ayant conduits à l'arrêt du traitement sont survenus chez 4 patients de chaque groupe, et un effet proarythmique à 6 mois chez un patient du groupe P. La tolérance des triatements a été bonne dans la majorité des cas : il n'y a pas eu de différence significative sur le nombre de patients présentant au moins un événement indésirable 9 (26,5%) dans le groupe C, 11 (35,5%) dans le groupe P. L'intensité de la plupart des événements était légère ou modérée. Les effets des 2 traitements sur l'évolution de la pression artérielle, de la fréquence cardiaque, de l'espace PR et de l'intervalle QT calculés à 3 et 6 mois par rapport à J0 n'étaient pas statistiquement différents. La durée de QRS augmentait significativement plus dans le groupe C que dans le groupe P (p=0,02 à 3 mois; p = 0,0005 à 6 mois). Par ailleurs, il n'existait pas de différence significative entre les groupes sur l'évolution des paramètres biologiques à 3 et 6 mois par rapport à J0 chez les patients présents à ces trois consultations. La cibenzoline constitue une bonne alternative à la propafénone dans la prévention des récidives symptomatiques des tac.