Une série de 112 mastectomies avec reconstruction mammaire immédiate (M + RMI), réalisées chez des femmes porteuses d'un cancer invasif du sein, est présentée avec un recul moyen de 30 mois pour étudier l'évolution néoplasique, la morbidité et les résultats esthétiques des différentes techniques de RMI. Les patientes ont été réparties en 3 groupes selon les indications : 49 cas de récidive locale après traitement conservateur ; 37 cas de tumeurs volumineuses ou multifocales opérées après une chimiothérapie et une radiothérapie ; 26 cas après tentative de chirurgie conservatrice dont la tumorectomie ne passait pas en tissu sain. Au total, 98 patientes (87,5 %) ont été irradiées avant la M + RMI. La technique de RMI faisait appel à 28 prothèses simples, 50 lambeaux musculo-cutanés de grand dorsal avec prothèse et 34 lambeaux musculo-cutanés de grand droit abdominal. Au cours de l'évolution, 16 malades sont décédées et 13 sont vivantes en récidive ; au total 7 récidives locales ont été observées. Dans tous les cas les rechutes précoces, pour lesquelles la responsabilité de la RMI aurait pu être évoquée, s'expliquent par une maladie présentant des critères pronostiques très péjoratifs. Les M + RMI utilisant le grand droit de l'abdomen ont été plus longues et ont nécessité une transfusion sanguine dans 88 % des cas. Toutes techniques confondues, 19 % des patientes ont eu des complications postopératoires et 25% des séquelles tardives. Les résultats esthétiques obtenus d'emblée ont été considérés comme bons pour 14 % des patients ayant eu une prothèse simple, 45 % des patientes ayant eu un grand dorsal et 81 % des patientes ayant eu un grand droit abdominal. Des retouches chirurgicales ont été effectuées pour la moitié des patientes porteuses d'une prothèse simple ce qui a permis d'obtenir 50 % de bons résultats secondaires. pour 40 % des patientes porteuses d'un grand dorsal permettant 68 % de bons résultats et pour 12% des patientes porteuses d'un grand droit abdominal avec finalement 84 % de bons résultats. Dans cette série, la satisfaction des patientes s'est révélée étroitement liée à la qualité esthétique du résultat. Au total, intégrée dans un protocole pluridisciplinaire bien réfléchi, la M + RMI ne semble pas altérer l'évolution carcinologique. Les techniques de RMI sont complexes et nécessitent une bonne expérience de la chirurgie plastique afin de réduire les complications et pour que les résultats esthétiques soient satisfaisants. A ce titre, la technique de reconstruction par le lambeau musculo-cutané de grand droit de l'abdomen apparaît supérieure aux autres.