Nutrition artificielle périopératoire en chirurgie réglée. Etude descriptive des pratiques en France.
Auteurs : Lanoir D1, Chambrier C, Colin C, Vergnon P, Boulétreau PObjectif : Analyser les pratiques de nutrition artificielle périopératoire en France avant la conférence de consensus du 16 décembre 1994 et les comparer aux recommandations issues de la conférence. Type d'étude : Enquête transversale rétrospective sur les pratiques. Patients : Échantillon de patients recueilli auprès de chirurgiens de chirurgie générale ou digestive, chacun devant inclure les deux derniers patients opérés de façon réglée, avant le 10 décembre 1994, pour une résection digestive sus-ou sous-mésocolique. Le taux de réponse des 2 150 praticiens interrogés a été de 14 % (309), et l'échantillon résultant a comporté 601 patients (49 % d'interventions sus-mésocoliques et 51 % d'interventions sous-mésocoliques) Résultats : La répartition des praticiens selon l'origine géographique et le type d'exercice (public ou privé) était conforme aux données nationales, à l'exception d'une certaine sous-représentation de la région parisienne. La durée de la nutrition artificielle pré- ou postopératoire était inférieure à 7 jours dans 36 % des cas, et égale ou supérieure à 7 jours dans 64 % des cas. En chirurgie sus-mésocolique, les taux de nutrition artificielle pré- et postopératoire étaient respectivement de 9 et 75 %, si l'on ne prend en compte que les nutritions artificielles d'une durée égale ou supérieure à 7 jours. En chirurgie sous-mésocolique, ces mêmes taux étaient de 5 et de 41 %. La nutrition entérale représentait 13% des prescriptions préopératoires, 19 % des prescriptions postopératoires, les autres malades recevant une nutrition parentérale. Comparés aux recommandations de la conférence de consensus, ces résultats montrent une prescription sans doute insuffisante de la nutrition artificielle préopératoire chez les malades dénutris (seuls 22% en ont bénéficié), et excessive en phase postopératoire, en particulier en chirurgie sous-mésocolique. De plus, l'apport énergétique n'était conforme à ces recommandations que dans 20 % des cas ; dans 38 % il était excessif et dans 47 % insuffisant. Enfin l'apport azoté postopératoire n'était conforme aux recommandations que dans 5 % des cas. Conclusion : Les discordances mises en évidence entre les pratiques observées et celles recommandées par la conférence de consensus posent la question de l'efficacité de cette thérapeutique dans son utilisation actuelle et des coûts importants qu'elle génère.