Objectifs : L'épidémie du SIDA entraîne une augmentation du nombre de cas de tuberculose et d'infection à mycobactéries atypiques. Jusqu'alors, la mise en évidence de bacilles acido-alcoolo-résistants (BAAR) à l'examen microscopique de prélèvements respiratoires était très suggestive d'une tuberculose. Certains auteurs rapportent, depuis l'épidémie de SIDA, une augmentation de Mycobacterium avium intracellulare (MAC) isolé des prélèvements respiratoires. Le but de cette étude est de déterminer quels facteurs peuvent apparaître comme discriminants entre ces deux types d'infection lorsqu'elle est révélée par la présence de BAAR à l'examen microscopique sur des prélèvements respiratoires. Méthodes : Les dossiers de tous les patients séropositifs pour le VIH, hospitalisés entre novembre 1992 et mars 1995, dont au moins un prélèvement d'origine respiratoire était positif avec présence de BAAR à l'examen microscopique, ont été étudiés rétrospectivement. Résultats : Mycobacterium tuberculosis a été isolé chez 19 patients, MAC chez 8 patients et Mycobacterium kansasii chez 2 patients. Un patient était co-infecté par Mycobacterium tuberculosis et MAC. Quel que soit le type de la mycobactérie isolée, les patients ne diffèrent pas pour l'âge, le sexe, l'origine géographique, le mode de transmission, l'existence d'une antigénémie positive, les anomalies radiologiques, les signes cliniques. Par contre, les CD4 étaient significativement plus bas chez les patients ayant une mycobactériose atypique (14,5/mm³ ± 8) que chez ceux ayant une tuberculose (91,7/mm³ ± 83,7) (p = 0,004). Conclusion : Cette étude montre que, chez les patients infectés par le VIH, avec des CD4 inférieurs à 100/mm³, la présence de BAAR à l'examen direct peut être le témoin d'une tuberculose ou d'une infection à MAC. Aucun critère clinique ou radiologique ne permet de les différencier. Devant ce résultat, un traitement mixte anti-MAC et anti-tuberculeux nous semble justifié en attendant l'identification de la souche.