L'injection intracytoplasmique de spermatozoïde (ICSI) constitue incontestablement un progrès majeur dans la prise en charge des infertilités masculines sévères. Cependant, notre analyse confrontée à l'étude de la littérature montre que : - La potentialité de risques liés à la pratique de l'ICSI ne peut être négligée, qu'il s'agisse des incertitudes liées à la pénétration d'un corps étranger au sein de l'ovocyte, des éventuelles anomalies génétiques induites ou de la transmission héréditaire de l'infertilité. - L'ICSI constitue une expérimentation humaine mise en jeu sans pré-requis décisifs, puisque l'expérimentation chez l'animal ne permettait pas d'apporter de certitude sur l'innocuité. - Elle s'est mise en place dans certains cas sans qu'aucun comité chargé de la recherche ne se prononce conformément à la loi Huriet. - Initialement, la mise en œuvre de l'ICSI n'a pas été accompagnée d'emblée d'une évaluation de ses risques et de son impact médico-social. Nous proposons donc une discussion sur le respect des critères éthiques suivants : - L'ICSI doit être considérée comme une expérimentation, de manière à permettre une évaluation de tous les centres la pratiquant selon une méthodologie clairement établie intégrant les résultats biologiques, les risques génétiques, la pertinence des indications cliniques, les modalités de prise en charge et d'information des couples et les enjeux de santé publique. - La reprise d'une évaluation parallèle chez l'animal doit être rediscutée dans la mesure où elle apparaît réalisable à ce jour. - La mise en place d'analyses multidisciplinaires reposant sur la confrontation des différentes logiques et l'indépendance entre les structures pratiquant l'ICSI et celles rendant compte de l'évaluation. - La mise en place de critères précis et d'espaces de réflexion, pour apporter une information fiable aux patients.