La description des modalités de l'hormonothérapie et de la chimiothérapie adjuvantes pour cancer du sein et la recherche d'éventuelles modifications des pratiques au cours de l'intervalle 1982-1990 sont les objectifs de cette étude. Mille sept-cent-soixante patientes porteuses d'un cancer invasif du sein, sans métastase et ayant pu bénéficier d'un traitement locorégional ne laissant pas de résidu tumoral, ont été recensées, de 1982 à 1990, dans le département de la Côte d'Or (241020 femmes en 1990). Quarante pour cent des patientes ont reçu un traitement adjuvant : 17 % une chimiothérapie seule, 7 % une association chimiothérapie-hormonothérapie et 16 % une hormonothérapie seule. Avant 35 ans, la chimiothérapie est la seule modalité de traitement adjuvant utilisée ; après 74 ans, l'hormonothérapie constitue le traitement adjuvant de principe. Pour les 1352 femmes âgées de 35 à 74 ans porteuses d'un cancer non inflammatoire, la détermination du traitement adjuvant est multifactorielle. Le modèle de régression logistique a été utilisé pour évaluer le risque d'appartenir au groupe «traité» par rapport au groupe «non traité», et ceci pour chaque modalité du traitement adjuvant, et rechercher s'il existait un effet période après ajustement sur les variables caractéristiques du couple tumeur-patiente. Tous les autres facteurs étant contrôlés, les traitements adjuvants, toutes modalités confondues, ont été plus souvent prescrits à la fin qu'au début des années 80 (OR = 1,9 ; p = 0,006). L'usage de l'association chimiothérapie-hormonothérapie n'a pas varié. Celui de la chimiothérapie a subi une diminution mais à la limite de la signification (OR = 0,6 ; p = 0,056). En revanche, l'usage de l'hormonothérapie a été transformé de façon importante jusqu'à être 3,5 fois plus indiqué à la fin des années 80 qu'au début (OR = 3,5 ; p < 0,0001). La compréhension de l'évolution dans le temps de la survie de femmes atteintes de cancer du sein impose la prise en compte des traitements et de leurs indications pour distinguer leurs effets potentiellement bénéfiques de ceux dus à un éventuel diagnostic plus précoce. La nécessité du contrôle de qualité des indicateurs du traitement adjuvant est soulignée.